Archives de catégorie Sexualité

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« Donne-moi une bonne raison de ne pas coucher avant le mariage ! » 

Coucher avant le mariage ? Aujourd’hui, prôner l’inverse est aller à contre-courant. Démontrons cependant par A + B à nos jeunes qu’il est toujours mieux, dans l’idéal, d’attendre d’être mariés. Comme nous  à leur âge, ils ont envie de croire au grand amour. Par Sophie Lutz(*).

J’ai posé la question à mon ado de 16 ans : « Pourquoi ne pas avoir de rapports sexuels avant le mariage ? » Réponse laconique : « Parce que ça se fait pas, c’est pas bien ». Moi : « Ce n’est pas un argument ! Il ne résistera pas longtemps quand tu seras amoureux ». J’entends intérieurement ma mère me dire : « n’en parle pas une fois, parles-en dix fois ». Effectivement, je me souviens être allé souvent lui demander de me réexpliquer, avoir fait l’avocat du diable pour vérifier que je pouvais croire ce qu’elle affirmait.

Coucher avant le mariage ? Pas facile pour des parents d’argumenter ! D’abord parce qu’aucun parent ne voudrait décourager par un discours inaccessible, ni enfermer un jeune dans des éventuels ratés. Et puis, quand soi-même, on n’a pas attendu le mariage, on ne se sent pas légitime. Ou même, on n’y croit pas vraiment.

Il y a la raison de foi, qui fait de la décision de la virginité jusqu’au mariage une question de foi. Le fait de croire que l’union de la chair valide la parole qui a été donnée, et qu’on ne peut séparer le verbe et la chair. « Le Verbe se fait chair. » Le Christ ne peut qu’être présent dans cette « « incarnation », qui dit quelque chose de l’amour qui est en Dieu. Très résumé.

Il y a la raison humaine, philosophique, de l’engagement. S’engager à moitié, est-ce vraiment s’engager ? L’amour humain n’est-il pas quelque chose d’assez grand pour mériter une promesse, qui dit ce qu’elle fait, et qui fait ce qu’elle dit. La personne que j’aime ne mérite-t-elle pas la sécurité d’un engagement à vie ?

Une question de plaisir ? Non. De bonheur.

Ces arguments s’entendent, s’ils s’accompagnent de réalisme. La virginité avant le mariage n’est pas l’ingrédient secret pour un premier rapport extraordinaire. Celui-ci est forcément maladroit, voire décevant sur le plan strict du plaisir. Ce qui rend beau ce moment, ce n’est pas d’abord la joie du corps, c’est la joie du cœur. Une joie « particulière », supplémentaire, quand ce premier rapport coïncide avec le mariage. Parce qu’alors, chacun offre à l’autre le bonheur d’avoir été choisi entièrement, et non pas « par morceaux » ou par « étapes ».

Une amie m’a confié qu’elle n’avait été convaincue ni par l’argument de foi, ni par l’argument de l’engagement, mais par le regard pétillant de sa mère disant : « Ceux qui n’attendent pas le mariage ne savent pas ce qu’ils ratent ! ». Ce qu’il est dommage de rater, ce n’est pas une extase physique, mais un bonheur « spécial ».

Et toi, qu’en penses-tu ? Faut-il attendre le mariage ? Viens en parler avec nous par chat’ !

Pour aller plus loin :


(*) Source : article pour Famille chrétienne, janvier 2014.

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L’Eglise a-t-elle un problème avec le sexe ?

L’Eglise a-t-elle un problème avec le sexe ? Contrairement à une idée répandue, l’Église n’hésite pas à aborder la sexualité, dont elle défend une vision intégrale.

L’idée est tenace : l’Église et le sexe ne feraient pas bon ménage. La preuve ? Même les catholiques pratiquants le disent ! En France, ils seraient 77 % à souhaiter que l’Église autorise la contraception, et 75 % à désirer qu’elle prenne position en faveur du préservatif (1). Un rapide coup d’œil sur la position du Magistère en la matière suffirait d’ailleurs, paraît-il, pour comprendre tout le mal que l’Église pense de la sexualité. Résumons : ou bien le sexe est interdit – hors mariage, aux prêtres, aux religieuses et aux religieux, tous obligés à la continence –, ou bien il est ultra-réglementé : les relations sexuelles devant être exclusivement destinées à la procréation, les couples mariés ont interdiction d’avoir recours à des moyens contraceptifs et sont invités à vivre la chasteté dans le mariage. Une doctrine stricte, dans la logique du culte voué par l’Église à la virginité, perçue comme un symbole de pureté. Et qui, par voie de conséquence, renvoie la sexualité dans la sphère du péché. « En matière sexuelle, il n’y a pas de faute légère », peut-on lire dans un manuel de confesseurs du XIXe siècle.

Pas étonnant après tout, pour une religion, de dédaigner le corps mauvais par nature au profit de l’esprit, plus noble en ce qu’il permet à l’homme de se tourner vers Dieu.

Rejoindre l’autre dans sa personne

Sauf que le christianisme a toujours affirmé son respect pour le corps humain au point de condamner pour hérésie les courants de pensée (arianisme, manichéisme, catharisme, jansénisme) qui en dépréciaient la dignité.

Le fondateur de l’Institut de théologie du corps, Yves Semen, rappelle que, dans les premiers temps de l’Église, les chrétiens étaient désignés de manière péjorative comme « le peuple qui aime le corps ». Pour l’Église, en effet, le corps est à la fois don de Dieu et signe de la vocation de la personne au don d’elle-même. Il a en outre été assumé par le Christ dans l’Incarnation. Il est le moyen de la Rédemption, le temple de l’Esprit Saint, et est appelé à ressusciter à la fin des temps.

La foi chrétienne célèbre donc le corps tout autant que l’âme. Elle affirme que l’être humain est unité d’âme et de corps, ce qui implique une certaine vision de la sexualité, qu’on ne saurait dès lors réduire à un acte purement biologique.

Alors, que pense vraiment l’Église de la sexualité ? « L’Église est pour le sexe, et même pour le sexe à fond, déclare sans hésiter le philosophe Fabrice Hadjadj. C’est en cela qu’elle dérange. Son enseignement moral peut se résumer à ce commandement très simple : “Ce que tu fais, fais-le bien”, ce qui veut dire ici : “Si tu choisis l’acte sexuel, va jusqu’au bout, sans réticence, sans obstacle, dans une étreinte qui ne s’arrête pas à une friction des muqueuses, mais qui te pousse à rejoindre l’autre jusque dans sa personne et à libérer votre commune fécondité” » (2).

La fameuse lettre du pape Paul VI sur la vie humaine, comme on ne vous l’avait sans doute jamais présentée ? Il y prône en effet la non-dissociation des deux significations de l’acte conjugal : l’union des époux et la procréation. Contrairement à une idée largement répandue, la procréation ne doit donc pas être l’unique objet de l’acte conjugal. Ce qui signifie aussi qu’il est interdit d’empêcher volontairement ou artificiellement cette fonction procréatrice. « Mais cela n’impose pas la nécessité qu’il y ait possibilité de procréation pour rendre légitime l’acte sexuel », précise Yves Semen (3). Ce qui ouvre la voie aux méthodes naturelles de régulation des naissances. «  L’argumentation centrale d’Humanae vitae repose sur le principe de la loi naturelle que l’homme ne peut enfreindre de sa propre autorité : c’est une loi de la nature que l’homme et la femme, s’unissant sexuellement, investissent cet acte d’une double signification – unitive et procréative », décrypte Yves Semen.

La procréation ne doit pas être l’unique objet de l’acte conjugal.

De nombreux couples ressentent des difficultés à suivre cet enseignement de l’Église, perçu comme irréaliste, voire irresponsable. Et finalement, quelle différence y a-t-il au juste entre une régulation naturelle des naissances, qui revient à éviter la procréation avec une fiabilité que beaucoup pensent relative, et l’utilisation de moyens contraceptifs, qui permettraient de l’éviter avec plus de certitude ?

Pour Fabrice Hadjadj, l’Église dit de se mettre à l’écoute du corps, à la différence de la société  « qui ne  l’accueille plus dans ses déterminations naturelles propres, mais le considère comme un matériau soumis aux caprices de la volonté armée par la technique », à savoir la contraception artificielle.

La sexologue Thérèse Hargot interroge : «  Mon objectif est que mon désir soit de plus en plus fort vers la personne que j’aime, que ma sexualité soit de plus en plus belle ; est-ce que la contraception artificielle me permet de répondre à cet objectif-là ? […] Ou est-ce que ce sont les méthodes naturelles qui se basent sur la connaissance que la femme a de son cycle, sur l’adaptation du couple à la fertilité de la femme, et qui permettent de vivre [sa sexualité] de manière responsable et conjointe ? »

L’Église est celle qui nous ramène à la véritable définition de la sexualité, dont on a oublié le sens premier : «  La sexualité humaine, rappelle Hadjadj, suppose la différence sexuelle, l’ouverture à la vie, la communion non seulement des chairs mais aussi des esprits. Or, de nos jours, on utilise le mot “sexe” pour désigner sa réduction à un acte de consommation ». Et si c’était la société actuelle qui avait un problème avec le sexe ?

Et vous, qu’en pensez-vous ? L’Eglise a-t-elle un problème avec le sexe ou nous ramène-t-elle à la sexualité véritable, vécue dans l’amour vrai ? Venez en parler avec nous par chat’ !

Pour aller plus loin :


Source : un article d’Élisabeth Caillemer pour Fiancailles.net

(1) Sondage BVA réalisé en février 2014 pour Le Parisien.

(2) Questions sans gêne sur Dieu et sur l’Église, Éditions de l’Emmanuel, 2014.

(3) La sexualité selon Jean-Paul II, Presses de la Renaissance, 2004.

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Dieu et le sexe : pourquoi tant d’histoires ?

Dieu et le sexe : pourquoi tant d’histoires ? Après tout, n’est-ce pas Dieu qui a inventé le sexe, et même… Saint Valentin ?

Les chrétiens ne sont pas toujours à l’aise pour parler de sexualité ! Pourtant, la différenciation sexuelle a été voulue par Dieu qui a créé l’humanité homme et femme. Alors… pourquoi tant d’histoires ?

Régulièrement, évènements comme conversations viennent nous le rappeler : non, décidément, la sexualité ne fait pas bon ménage avec Dieu ! Lorsque les médias se font l’écho des prises de paroles du Pape, c’est souvent pour stigmatiser ses interdits sur le port du préservatif ou sur les relations préconjugales. A l’assemblée nationale, c’est la Bible à la main qu’une députée s’est affrontée à la loi sur le Pacs ! N’est-ce pas parce qu’un film de Scorsese laissait sous-entendre des relations intimes entre Jésus et Marie-Madeleine que des courants de l’Eglise se sont violemment manifestés contre sa projection ? Les religieux eux-mêmes ne font-ils pas vœu de chasteté, laissant sous-entendre la contradiction qu’il pourrait y avoir entre une recherche de Dieu et une vie sexuelle épanouie ? Certains anciens avaient-ils alors raison lorsqu’ils prétendaient que le péché originel se transmettait par l’acte sexuel ?

Une création… sexuée

Mars et Vénus, de Louis-Jean-François Lagrenée (1770), musée Jean Paul Getty

Pourtant, quelle erreur ! Alors pour combattre ce sentiment massif, revenons à un argument de poids : relisons les premiers chapitres de la Genèse. C’est d’ailleurs ainsi que répond Jésus au chapitre 19, verset 1 de l’évangile de Matthieu, lorsqu’on l’interroge sur la répudiation d’une épouse et sur la chasteté : « n’avez-vous pas lu ? ». Les textes qui ont été placés au seuil de nos deux testaments racontent en effet une autre histoire. Dieu lui-même façonne le corps de l’homme. L’homme n’est pas un amas de chair, sa peau, ses sens ne sont pas des oripeaux. Ils sont le signe de la création voulue par Dieu. De plus, le créateur choisit lui-même de façonner l’humanité à son image en nous créant homme et femme. Le début de la Bible dit de l’homme une vérité profonde : la différenciation sexuelle est voulue par Dieu lui-même, elle est bonne. Plus encore, l’énigme de la relation homme et femme est un des aspects par laquelle la créature ressemble à Dieu. Parce que Dieu est tout entier relation, il nous crée ainsi. Difficile donc de dire n’importe quoi sur la sexualité ou de partir en criant au scandale !

Cette identité sexuée de l’être humain posée, que disent ces textes sur notre vie sexuelle ? Ils affirment que la finalité de la sexualité est bien d’abord la rencontre de l’homme et de la femme, appelés ainsi à s’humaniser l’un l’autre. En rejetant la polygamie, le récit de la Genèse souligne qu’homme et femme sont égaux dans cette relation de différence. Puis le texte, en insistant sur la fidélité et la fécondité créatrice, fait de l’amour conjugal l’image la plus adéquate de notre rapport à Dieu. Comme en un écho final, le livre de l’Apocalypse évoquera, lui aussi, pour parler du ciel, un festin de noces. Mieux encore, cet amour est la mesure de notre rapport aux autres, au reste du monde. Ce qui se joue fondamentalement dans la rencontre charnelle, c’est ce qui se joue dans toute rencontre sérieuse. Les mésaventures d’Abraham en Egypte et à Gérar le rappelleront (Gn 12 et 20). Chaque fois qu’il préfèrera faire passer sa femme Saraï pour sa sœur, il ne pourra véritablement rencontrer ceux qui l’accueillent et devra partir.

Un chemin d’humanité

En posant cette affirmation au commencement des Ecritures saintes, la Bible n’est pas naïve. Elle n’ignore pas l’ambiguïté de la sexualité ni sa complicité avec la violence. Elle sait que sexualité et agressivité sont toujours mêlées et que cette agressivité est un instinct difficile à humaniser. Mais elle indique aussi cette ligne de crête où se construit et se déchiffre l’humanité, la nôtre comme celle des autres. Une conduite sexuelle perverse signe la perversion de notre rapport au monde. Ainsi chaque fois que nous réduisons l’autre à ce qu’il nous donne à désirer, chaque fois que nous le traitons comme un objet possédé, manipulé, utilisé pour assouvir un besoin, nous détruisons en lui comme en nous-mêmes la personne humaine. Mais, à l’image d’une rencontre interpersonnelle réussie, là où chacun est accueilli et reconnu dans sa réalité propre, dans son originalité, dans sa demande, l’union sexuelle devient une vraie communion en humanité.

L’enjeu du plaisir

Un des enjeux majeurs est la juste place que nous donnons au plaisir. Dans la relation sexuelle, il est si vif, si réel, que nous sommes tentés de vouloir prolonger ce bref instant de plénitude. Nous voilà parfois prêt à réduire l’autre à un objet sexuel propre à accumuler les plaisir et combler nos manques, nos absences. Mais, inversement, se méfier du plaisir, voire le refuser, revient à ne pas vouloir reconnaître cette faille qui nous construit. Chaque être humain dépend toujours d’un autre être humain qui lui offre et lui donne le plaisir. Dans la jouissance que nous prodigue l’autre, nous perdons notre maitrise. Et il n’est pas si facile que cela d’accepter de se fier à un autre, de se livrer à lui, de ne plus être maître de soi… C’est pourtant pas là que passe la rencontre de l’autre, que l’union de deux êtres ne se clôt pas dans un enfermement. C’est à ce prix que la vie peut se transmettre, qu’un nouveau petit d’homme sera engendré. La vie ne se transmet véritablement que dans ce qui nous dépasse.

Le manque et la naissance

La sexualité désigne donc le lieu de notre fragilité. Passer de la conquête à l’accueil, de la mainmise au don demande beaucoup de vigilance et de patience. Grandir en humanité requiert d’habiter la contradiction propre à tout désir, entre plénitude et manque. Cette unité avec nous-même et avec l’autre que la relation sexuelle fait expérimenter sera toujours une expérience ponctuelle, momentanée, alors même que nous désirons du plus profond de nous cette unité. Nous ne serons jamais comblés et c’est ce qui nous maintient ouvert à l’autre, au point de pouvoir lui donner naissance.

Et toi, qu’en penses-tu ? Dieu a-t-il son mot à dire ? Viens en parler avec nous par chat’ !


Source : d’après un article de Pascal Sevez, jésuite, pour Panorama Hors Série « Vivre heureux à deux », septembre 2010